Dans sa stérilité, l'époque s'empresse de proclamer la fin de la philosophie, la clôture de la métaphysique ou la nécessité de nous soumettre derechef à la Loi révélée par un Autre inaccessible.
La fin de la philosophie signifierait la fin du projet d'autonomie. Et ce projet, partiellement incarné dans l'histoire gréco-occidentale, se trouve menacé. Expansion létale de la technoscience ; évanescence du conflit politique et social ; démission des intellectuels empressés autour des pouvoirs : tout conspire à créer un type d'être humain absorbé par la consommation et le plaisir du moment, tout à la fois cynique et conformiste. Comment, avec de tels citoyens, la fameuse démocratie pourrait-elle fonctionner ou même, à la longue, survivre ?
Cornelius Castoriadis (1922-1997)
Co-fondateur du groupe et de la revue Socialisme ou Barbarie, ses écrits de cette période sont réédités depuis 2012 au Éditions du Sandre. Il a été économiste à l'OCDE (1948-1970), psychanalyste (1973-1997), directeur d'étude à l'EHESS (1980-1995). Ses séminaires font l'objet d'une publication posthume au Seuil, où ont aussi été publiés L'Institution imaginaire de la société (1975) et cinq autres volumes des Carrefours du labyrinthe.
CASTORIADIS CORNELIUS Le Monde Morcelé, Les carrefours du labyrinthe - 3
deuxième édition revue et corrigée
Éditions Seuil, coll. « La couleur des idées », 1990
ISBN : 9782020123501