En ce jour de fête nationale où la Grèce commémore le refus de laisser les troupes de Mussolini entrer sur son territoire le 28 octobre 1940, nous avons souhaité honorer la mémoire des femmes de la Résistance grecque, en publiant quelques extraits d'un album de témoignage publié par l'une d'elles, Virgo Vassileiou.
L’autre Trikéri
Dessins de Virgo Vassileiou
Sur la côte du Pélion, le village de Trikéri a été construit par les habitants de la petite île de Trikéri, chassés de leur refuge insulaire par les incesssantes attaques de pirates. L’ancien Trikéri n’avait plus, au moment de la Seconde Guerre mondiale, qu’une quinzaine d’habitants et disposait d’un monastère déserté, lui aussi. C’est là que les autorités ont installé un camp de déportation de femmes prisonnières politiques, à la suite de la Guerre civile. Parmi ces femmes, la jeune Virginia Vassileiou, dite Virgo. Durant l’Occupation, alors étudiante en philosophie, elle entre dans la Résistance et, à la suite de son procès, est emprisonnée à Athènes, puis déportée à Trikéri. Virgo Vassileiou a développé, au cours de son emprisonnement, son talent pour le croquis. Elle a brossé le portrait de dizaines de ses compagnes, pour lesquelles elle jouait par ailleurs le rôle d’écrivain public, et restitué, sur son petit bloc, les paysages et les instantanés de leur vie quotidienne. Après la guerre, elle deviendra l'assistante du célèbre graveur Tassos et peintre amateur.
En 1998, les dessins que Virgo Vassiliou a réalisés durant sa déportation ont été publiés aux éditions Thémélio dans un volume intitulé Trikéri, dessins 1948-1953.
Les dessins reproduits ici sont accompagnés des commentaires de Virgo Vassileiou.
1 : Chionia Toliou, déportée à Trikéri.
2 : Georgia Péta, sauvée de la peine capitale sur intervention de l’ONU.
3 : La cellule 31 de « l’infirmerie ». Deux lits de camp et un feu mourant dans la cheminée. Sur son linteau, quelques fleurs sauvages projettent leur ombre légère sur le mur.
4 : Deux collines se rejoignent. Un petit golfe et, au fond, le nouveau Trikéri. Le soir, les lumières des maisons nous emplissaient de nostalgie pour notre lointain foyer.
5 : Le bâtiment des cuisines et le campement voisin [la plupart des prisonnières étaient « logées » sous ces tentes. Seules les malades avaient accès aux cellules du monastère abandonné. NdlR]. Sur le devant, les prisonnières de corvée de distribution préparent les repas pour les « bandes ».
6 : L’imposant monastère de l’île qui trône sur une colline. Il est entouré d’innombrables arbres de toutes tailles.
7 : Les rares habitants de l’île partent à la pêche. S’ils attrapent beaucoup de poissons, ils vendront le surplus dans la petite épicerie de l’île. Nous pourrons ainsi acheter un peu de nourriture fraîche.
8 : Une petite chapelle près de l’eau. Dans la mer, les caïques de ravitaillement se préparent à livrer les colis destinées aux déportées.